Les royaumes

Les royaumes de Sine, Saloum, Koular et Badibou :
Au XVIè siècle le pays était divisé en trois royaumes dont les souverains se disputaient la suprématie politique.
Il y avait d’abord le royaume de Sine qui comprenait le bassin du Sine et s’étendait jusqu’à la mer, dans la région de Joal ; le petit-fils de Maysa Wali Dione, Wagane Coumba, en avait installé la capitale à Diakhao.
Le royaume de Saloum occupait, quant à lui, toute la vallée du fleuve depuis Sangomar ; le long de la mer, au nord, sa frontière avec le Sine était tracée par le marigot de Palmarin et, au sud, il disputait les îles au royaume de Bar ; dans la partie supérieure du Saloum, son territoire s’élargissait du Rip au Signy ; sa capitale était Kahone.
Le troisième royaume, celui de Koular, occupait l’extrême sud du pays, jusqu’à la rivière Gambie ; sa capitale était Koular qui fit, à une certaine époque, figure de ville mère de l’empire tout entier. Par la suite, le royaume de Koular se trouva amputé des provinces situées sur la partie méridionale du Rip, le long de la Gambie, qui constituèrent le royaume de Badibou ; sa capitale Badibou est aujourd’hui disparue, mais certaines traditions locales l’identifient à Saba, village situé en Gambie.
Les guerriers NDAOCOUNDA conduits par Diawagne (Diagone) Waly NDAO et Tagougne (Tagouthie) Waly NDAO se présentèrent à Lat Mengué Dieulène NDIAYE qui était le troisième empereur du Saloum vers 1543.
Lat Mengué Dieulène NDIAYE qui avait perdu son autorité sur les différents rois du Saloum, notamment le Djognick et le Kaymor en rebellion ouverte, demanda aux NDAOCOUNDA de rétablir l’ordre dans son Empire et s’engagea, en cas de succès, à leur octroyer un royaume dans la zone la plus riche du pays, c’est-à-dire à l’Est.
Ce qui fut dit fut fait. Alors, les NDAO prirent le commandement de l’armée royale, et parvinrent, en quelques mois à soumettre toutes les provinces qui s’étaient révoltées et le royaume recouvra son unité territoriale. Et satisfait du travail accompli, Lat Mengué Dieulène NDIAYE donna toute la contrée située entre le Nguer, le Bambouck, Colobane, Pakala jusqu’au Fleuve Gambie aux NDAOCOUNDA. Ceux-ci créèrent le royaume de NDOUCOUMANE dont la capitale prit le nom de KAFFRINE, qui est le barbarisme de l’expression mandingue « aw ka fri » qui veut dire : « soyez les bienvenus, installez-vous, vous êtes chez vous ».
Il est à noter et c’est important, que le roi de NDOUCOUMANE dont le titre est BEULEUP, a toujours été le protecteur du Saloum. Aucune bataille ne pouvait s’engager sans la présence du Beuleup et de son armée ; et lorsque le Beuleup arrivait en premier, il avait le pouvoir d’engager la bataille.
Cette puissance explique pourquoi les NDAOCOUNDA finirent par s’emparer des pouvoirs du Saloum et comptent sept (7) Bour Saloum dans leurs rangs, dont d’ailleurs le huitième, le plus récent, est Momar Diarra NDAO
L’hégémonie du royaume de Saloum
Au XVIIIème siècle, la suprématie politique appartenait au Saloum ; son roi, le Bour Saloum, exerçait une autorité directe sur la province de Kahone qui comprenait alors ce qui devenait devenir, plus tard, le canton de Kahone et une partie du canton de Gossas ; il exerçait en outre une suzeraineté plus ou moins étroite sur les provinces de Signy (région de Colobane), de Ndoucoumane (région de Malem Hodar), de Pacala Mandakh (arrondissement de Nganda), de Nguer (arrondissement de Birkelane), du Laghem (arrondissements de Ndoffane et Ndiédieng), de Diokoul-Gandiaye (arrondissement de Gandiaye), de Djilor et de Djognick (arrondissement de Djilor) et de Ndiafé-Ndiafé (région de Sokone), ainsi que sur les royaumes de Koular et de Badibou. Chacune de ces provinces était gouvernée par un souverain (Beuleup Ndoucoumane, Serigne Pacala, Boumi Laghem ou Bour d’une autre province), à peu près maître chez lui mais qui reconnaissait cependant l’autorité du Bour Saloum.
De Mbégane Ndour à Fodé Diouf, la dynastie des Guélouars du Saloum a compté quarante neuf (49) souverains, et il n’y a eu aucun rapport de vassalité entre le Djolof et le Saloum et aucun tribut n’a jamais été payé aux souverains du Djolof.
Mbégane Ndour est le premier personnage digne d’être considéré comme roi du Saloum, car ses devanciers que furent Kouyon Keïta, Ali Elibana Sall, Diatara Tambédou, ne furent que des chefs de troupe cherchant vainement à asseoir leur autorité sur le vaste pays dépeuplé qu’était alors le Mbey. Il était le neveu utérin de Bour Sine Maysa Wali Dione, ou, selon certains griots, le petit-fils d’une des trois sœurs de Maysa Wali Dione.
C’est en 1493 que Mbégane Ndour accéda au titre de Bour Saloum et son règne a duré 20 ans, de 1493 à 1513. Son successeur, Guiranokhap Ndong, resté 7 ans sur le trône du Saloum, jusqu’en 1520, fut remplacé par Latmingué Dielène Ndiaye, originaire de la dynastie Ndiaye du Djolof. Il régna jusqu’en 1543 soit une durée de 23 ans, tandis que son successeur, Samba Lambour Ndiaye ne resta que 4 ans (1543 – 1547) sur le trône du Saloum. Après Séni Ndiémé Diélène Ndiaye (1547 – 1550) et Lathilor Badiane 9 ans de règne (1550 – 1559), accéda au trône de Saloum un autre originaire de la dynastie Ndiaye du Djolof. Il s’agit de Walboumy Diélène Ndiaye dont les huit ans (1559 – 1567) de règne seront battus par le plus long règne de toute l’histoire du Saloum, celui de Maléotane Diouf qui resta 45 ans (1567 – 1612) sur le trône du royaume de Saloum. Il a fallu deux successeurs de Maléotane, à savoir Sambaré Diop (1612 – 1614), Biram Ndiémé Coumba Ndiaye (1614 – 1637), pour voir l’accession du premier Beuleup au trône du royaume de Saloum, en la personne de Ndéné Ndiaye Marone NDAO. En tant que onzième souverain du Saloum, il ne régna que 2 ans de 1637 à 1639, comme du reste Biram Khourédia Tiek NDAO (1732 – 1734) second Beuleup à accéder au trône du royaume de Saloum. Il est le vingtième souverain du royaume de Saloum.
Il sera remplacé par un autre Beuleup, Ndéné Ndiaye Bigué NDAO qui restera Bour Saloum pendant 19 ans (1734 – 1753). Du vingt-et-unième souverain, on arrive au vingt-quatrième pour voir de nouveau un Beuleup devenir Bour Saloum. Il s’agit de Sandéné Kodou Bigué NDAO (1767 – 1769) soit 2 ans de règne. Le vingt-et huitème souverain de Saloum est également un Beuleup : Sandéné Kodou Fall NDAO dont le règne dura 9 ans (1778 – 1787). Le Beuleup qui aura le règne le plus long (28 ans) sur le trône de Saloum sera Balé Ndoungou Khourédia NDAO Bour Saloum de 1823 à 1851. Il sera le trente-quatrième souverain du Saloum, tandis que le dernier Beuleup à accéder au trône du royaume de Saloum sera Ndiémé Diénoum NDAO, quarante-quatrième souverain du Saloum, 3 ans de règne de 1899 à 1902. Fodé Ngouye Diouf sera le dernier Bour Saloum, il a régné 34 ans de 1935 à 1969.