Il n’est pas ici question de vous inciter à rejeter la norme, sous prétexte que celle-ci en est une et qu’à ce titre elle vous est imposée. Etre dans la norme permet l’intégration sociale, et celle-ci est une source indiscutable de bonheur. Ce n’est un hasard si les études démontrent que la propension au suicide est généralement inverse au degré d’intégration sociale. Pour autant, il faut aussi apprendre à être soi-même, à vous affirmer face à la force constante et contraignante du regard porté par la société sur vos faits et gestes. En un sens, la question à toujours avoir en tête est la suivante : dois-je faire les choses simplement parce que les autres me disent que c’est bien de les faire ? Ou dois-je plutôt faire des choix en fonction de ce que je pense intimement être le meilleur pour moi et de mon peuple ? La question de la consistance cognitive, le fait que vos actions soient en accord avec vos convictions, doit toujours être posée comme un principe, rien n’étant plus difficile à vivre que de ne pas être en accord avec soi-même. Soyons donc fidèle à celui ou à celle que vous êtes, l’idéal étant de toujours chercher, le juste équilibre entre le respect de la norme et la sanction sociale qu’importe son éventuel rejet. Et cette zone d’équilibre ne doit pas être dictée par autrui. Il est parfois difficile ou même impossible de ressembler à l’autrui, on peut tenter de le copier ou copier ses faits et ses dits mais on se sera jamais comme lui. Se rapprocher de ma personne pour connaitre mon action du moment est possible, engendrer mon idéologie est aussi possible, car je suis généreux et je partage. Cependant, la dynamo qui m’anime, m’est propre et impossible à vous transmettre.
Prenons conseils auprès de nos entourage, si nécessaire, soyons à l’écoute mais ne nous contenons jamais à suivre aveuglément ce que nous disent les autres dans la mesure où tous, dans cette société qui valorise l’individualisme et la concurrence, ne cherchent pas forcément votre bien. En outre, ne nous laissons pas non plus influencer par la représentation outrancière et déformée que notre société se fait de la réussite. Aujourd’hui, ceux dont on dit qu’ils ont réussi doivent avoir une profession valorisante, des revenus substantiels, du pouvoir, de l’influence, un physique attrayant, une grande maison, une belle voiture. Nous oublions trop souvent que la vie ne présente que très rarement sous la forme d’un continuum cartésien, sorte de ligne droite et ascendante qui symboliserait le progrès dans une vie faites d’une succession d’événement représentés abusivement comme étant toujours liés les uns des autres. A l’inverse, elle n’est en réalité faite que de ruptures, d’avancées, de reculs, de stagnations, de ralentissements et de progressions qui ne supportent pas toujours la comparaison.
La réussite nécessite toujours de la ténacité, de l’obstination et du courage. Dans un monde qui ne cesse de vouloir tout uniformaliser, elle ne vous est pas donné, de cette adversité, de nourrir vos convictions les plus fortes, celle qui permettent de se dire, enfin un jour que l’on est soi-même.
Matar NDAO
Paris le 15 Mars 2017